Question de foi : Le « songe » de Saint Joseph !
LE « SONGE » DE SAINT JOSEPH ! QUEL MYSTÈRE ET QUELLE INVITATION À « ÉCOUTER » !
Pour continuer notre préparation au pèlerinage 2018, invités, avec Bernadette, à « accueillir le silence qui permet d’entendre la Parole »….je voudrais orienter notre regard vers la « figure de saint Joseph » ! Qui l’ignore ? En lui, pas de discours, mais un accueil, une écoute pour accueillir « l’oeuvre de Dieu » et l’accomplir. Peut-être avons-nous à redécouvrir saint Joseph, comme ce « modèle de vie, d’accueil, d’écoute et d’accomplissement » ? Peut-être avons-nous à lui demander de nous aider à vivre cela dans nos vies fragilisées et éprouvées, notamment par le cancer ? Peut-être avons-nous à interroger notre capacité à « accueillir autre chose que nous-même ou que nos épreuves », comme un au-delà de nos difficultés pour grandir dans le Seigneur et son projet sur nous ? Voulez-vous me suivre dans cette relecture, conduits par Saint Joseph ? …Vous ne serez pas déçus…
Le récit évangélique en Matthieu (1, 16-24) rapporte ces mots : l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle, vient de l’Esprit Saint »…
Le « songe » de Saint Joseph ! Quel mystère ! Quelle invitation à écouter !
Souvent, dans la Bible, « le songe », quand il vient de Dieu, prend le visage d’un ange, ou la voix d’un ange ou son murmure ou sa présence et c’est souvent « dans la nuit » comme une invitation et une délicatesse discrète. Parfois, pourtant, il y a comme « un signe charnel », tel le « déhanchement de Jacob » (Jacob qui deviendra Israël), pour avoir mystérieusement lutté « toute la nuit » et tenu bon. (Genèse 32, 25-33), mystère d’un combat qui sera avec Dieu lui-même ! Ou comme, par la délicatesse d’un ange, Elie qui trouva mystérieusement près de lui, à son réveil « une cruche d’eau et une miche de pain, afin qu’il mange et trouve la force de marcher quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb où Dieu lui-même l’attend » (I Rois 19, 8-13).
Pour Joseph, l’époux de Marie, c’est un peu différent. Au début de sa vie conjugale, c’est « le silence qui règne ». Selon l’Ecriture, à cette jeune fille, il ne dit rien et elle non plus d’ailleurs comme si l’un et l’autre, sollicités dans leur vocation « par la médiation d’un ange » accueillent et acceptent. Ils ont dû parler bien souvent mais rien ne le rapporte parce qu’entre eux tout est dit, tout est « ressenti » ; « présence à l’autre », « attente », du plan de Dieu dans lequel ils acceptent de rentrer.
Mais il y a des façons différentes de vivre ces choses. En Marie, il y a comme une « féminité de l’accueil divin » et cet accueil est essentiellement «corporel ». Car c’est bien « dans les entrailles de Marie » que « le Verbe se fait chair »…
En Joseph, il y a comme une « masculinité de l’accueil divin » qui passe « par la raison et la confiance souvent silencieuse » où se construit la Foi en l’impossible et la capacité à surmonter toute épreuve. « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse, car ce qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20).
Dans les temps que nous vivons, temps de nombreuses solitudes, temps de désespoir pour d’autres en proie à des épreuves, temps de questionnements sur des sujets que la société renonce à écouter et à répondre…Comme une invitation à regarder St Joseph, à prendre la mesure de son attitude, de sa force pour nous aider à « tenir la route » en faisant confiance en Dieu, à son projet sur nous et sur le monde, à ne désespérer de rien !
On peut dire que saint Joseph est « le consolateur » , qu’il accueille dans son silence, qu’il écoute au plus profond de son silence, qu’il montre l’authentique chemin de vie et de l’accomplissement de vie ! Pourquoi ? Mais parce qu’il « a cru dans la nuit » c’est-à-dire, « dans le dépouillement de l’accueil et de l’écoute ». Vous savez que le Pape François aime à lui parler et à se confier à lui dans « son attitude d’endormi ».
Des peintres ont aimé le représenter ainsi, « dormant, la bouche entr’ouverte, les yeux clos et le livre des Ecritures sur les genoux » (Rembrandt, Georges de la Tour…)…Mais il veille et l’Ecriture lui parle dans la nuit…car il marche Joseph, à la lumière de Dieu qui veille sur lui et le conduit.
Rappelez-vous St Jean de la Croix « c’est la nuit qu’il est bon de croire à la lumière ». Voilà ce que St Joseph peut nous dire et nous apprendre. Il est le guide et le gardien. Il est l’homme fidèle et attentif. Il est humble et discret, mais tellement efficace quand on se confie à lui…
Saint Joseph est « le patron » de beaucoup d’ordres religieux, « patron des familles » bien sûr, « patron de l’Eglise Universelle ». Il est tout cela, mais, bien plus, il doit devenir, pour chacun de nous, comme « un havre de paix ». Il doit le devenir « pour tous les perdus de nos sociétés », « les laissés pour compte », les « âmes fragilisées par la vie et les épreuves », ceux et celles qui ne savent pas dire mais qui savent vivre, ceux qu’on n’écoute pas ou qui n’ont pas de moyens d’expression…mais qui, pourtant, portent ce désir de saint Joseph, de vouloir écouter Dieu dans leur vie, se rapprocher de lui quand ils se sentent éloignés des autres.
Prions-le ainsi :
« Saint Joseph, quand la nuit se fait trop épaisse, en nos vies, de ta main forte et confiante, guide-nous jusqu’à la lumière. Guide les pères et les familles. Guide ceux et celles qui sont perdus pour tant et tant de raisons. Guide ce monde qui veut se construire sans Dieu. Guide enfin l’Eglise dont tu es le gardien et qui a tant besoin de lumière »…
Aumônier national de « Lourdes Cancer Espérance », je n’en suis pas moins, curé de la paroisse Saint Joseph de Toulouse, mon diocèse. Un chant accompagne souvent, notre prière ; « Dieu t’a choisi ». Il parle de lui comme « de l’homme de l’Espérance, l’homme du silence, l’homme juste » et cela a vocation à parler aux hommes et aux femmes de notre temps ! Dans nos sociétés souvent troublées, tâtonnantes et bruyantes, St Joseph a quelque chose à nous dire.
La paroisse St Joseph est, de fait, le seul sanctuaire dédié particulièrement à St Joseph dans notre belle ville de Toulouse, même si, les sœurs de St Vincent de Paul l’avaient pris comme modèle et protecteur des fragilisés de la vie, dans ce qui fut le célèbre « Saint Joseph de la Grave » près de l’Hôtel-Dieu.
J’ai été le dernier aumônier de ce lieu d’accueil des fragilisés de la vie et de la fin de vie, avant la restructuration du CHU et des Hôpitaux de Toulouse. De fait, la paroisse St Joseph s’honore, au sein d’une communauté nombreuse et vivante, de continuer de le prier dans son actualité et de l’invoquer pour notre monde, parce que ce monde manque d’Espérance, de silence et d’ajustement tant à l’attention aux petits qu’à l’ajustement « aux choses de Dieu ».
Je vous invite à le prier avec nous, comme nous le faisons souvent :
« En ces temps où le monde change, nous nous remettons encore plus à toi, Saint Joseph. Les difficultés que tu as rencontrées ne t’ont pas détourné de ton devoir. Tu savais à quoi le Seigneur t’appelait et tu l’accomplis à la perfection. Aide-nous à vivre ainsi. Aide-nous à discerner la volonté de Dieu et à l’accomplir avec confiance. Considère avec attention ce qui nous préoccupe, ce qui nous paralyse, ce qui nous fait souffrir. Confie nos requêtes au Seigneur. Aide-nous. Amen »
Vous pouvez nous rejoindre sur notre blog paroissial
http://paroissesaintjoseph.blogspot.fr
Père Michel Pagès, aumônier national LCE