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Eric Bielle, photographe de LCE pour une mémoire vivante

Fidèlement, et avec discrétion, Eric Bielle accompagne le pèlerinage depuis de très nombreuses années, avec son appareil photo et son œil averti, pour saisir les instants de bonheur prodigués par Lourdes Cancer Espérance.

Photo : Manuella Theillaumas (D.R.)

« Au mois de septembre, à l’approche du pèlerinage de Lourdes Cancer Espérance, la pression monte. Je suis heureux de vivre cet événement qui est un temps de ressourcement pour les pèlerins qui attendent ce rendez-vous depuis des mois. Ils savent qu’ils vont être plongés dans une ambiance fraternelle à même de rompre leur isolement – aide précieuse pour lutter contre l’épreuve.

Derrière l’objectif de l’appareil photo, je suis très concentré et soucieux de ne rien manquer des temps forts qui jalonnent le rassemblement. Je garde avec moi le planning des rassemblements. En cinq jours, il faut effectuer un reportage complet et révélateur de ces nombreux moments d’échange, de prière et d’amitié : qu’il s’agisse des célébrations eucharistiques, de la vie à l’Accueil Notre-Dame, des temps de recueillement ou de processions…

Il faut que le fonds photographique soit en mesure d’illustrer les quatre revues trimestrielles, avec le numéro spécial du pèlerinage de 48 pages, particulièrement étoffé et représentatif du reportage photographique intégral. Il y a aussi quelques témoignages au sein des délégations, et en concertation avec Béatrice Rouquet, je prends les contacts pour réaliser quelques portraits ou photos de groupe.

Les journées sont longues, commencent tôt le matin et se terminent tard le soir mais ma plus grande satisfaction est d’être à ma place, simplement en étant toujours proche des gens, accessible et avenant.

Avant de prendre l’appareil photo, je suis attentif à instaurer une relation humaine. J’échange quelques mots pour prendre des nouvelles, rompre la glace et détendre l’atmosphère. Se laisser prendre en photo n’est pas chose naturelle, il est donc important d’instaurer la communication mais aussi de remercier ces personnes qui nous ouvrent leur cœur et leur intimité.

Parmi les reportages que je suis amené à faire, je franchis les murs de l’Accueil Notre-Dame où, autour d’Anne Favre et de Bernadette Douillet, les membres de l’hospitalité assurent un immense travail.

Je crois véritablement que les bénévoles sont le pilier d’un pays, en lui permettant de ne pas sombrer. À Lourdes, on ne peut que mesurer cet engagement bénévole, anonyme et fidèle de ceux qui, sur les plans national et international viennent servir et donner de leur temps et de leurs compétences pour aider les plus fragiles d’entre nous.

J’apprécie la discrétion et le dévouement de Bernadette Douillet, présidente de l’hospitalité HLCE, toujours à disposition de tous. Je me souviens de son époux, Claude, aujourd’hui disparu, que j’appréciais énormément.

Lourdes Cancer Espérance est véritablement une grande famille comme en témoigne Marie-Claude Aizpurua, présidente de l’association depuis 1990. Je suis moi-même entré à LCE en 1993, où j’étais chargé de l’édition de la revue avec Jacques Barzu et le Père Henri Joulia. Chacune de ces personnes m’a fait confiance. Je leur suis reconnaissant car ensemble, nous construisons pour aller de l’avant et apporter le meilleur pour le bien de l’association.

J’ai un grand respect pour Marie-Claude Aizpurua, qui voue sa vie à l’association, avec foi et profondeur. Que d’énergie déployée par les uns et les autres ; tous ceux qui font de l’humain une priorité et qui rendent compte de l’espérance et de la joie d’être ensemble ! Je pourrais citer beaucoup de monde et je crains d’en oublier mais chacun apporte énormément ; qu’il s’agisse d’Agnès, qui enchante le pèlerinage, avec son grand sourire et son amour des autres ; de Chantal Cornuault, qui réalise un grand travail dans l’ombre ; du Père Pagès que je qualifierai comme un prêtre battant et constructif, sensible et intelligent… On a besoin de telles personnes dans cette période compliquée où règne le racisme, la désunion, la haine. Elles permettent au contraire de réunir, de rassembler, avec amour et espérance !

Je suis aussi très sensible aux actions de la Croix-Rouge. Mon amitié avec Jacques Barzu, ancien président départemental, est ancienne et fidèle. Je mesure avec admiration et reconnaissance tout ce que les associations comme la Croix-Rouge assurent au niveau social : malgré la précarité, des gens survivent grâce à ces actions. On les aide à payer des factures, on les aide à garder espoir.

Lourdes Cancer Espérance apporte aussi une aide précieuse à ceux qui, dépourvus de moyens financiers, souhaitent venir à Lourdes. Une aide matérielle leur est proposée, et c’est révélateur de tout ce qui peut être mis en place avec, toujours, l’attention aux plus fragiles. A LCE, on rencontre des personnes très éprouvées, qui personnellement, me bouleversent et me transforment.

J’aime bien ces leçons de vie, et à LCE, j’en reçois tous les jours ! Ces personnes sont dans l’épreuve mais elles ne se plaignent pas, elles ont le sourire, elles sont attentives aux autres. Cela ne peut que nous faire réfléchir.

Je suis aussi très engagé par rapport à la préservation de l’environnement. Je suis un amoureux des Pyrénées ; je les parcoure depuis l’âge de treize ans, avec aussi mon appareil photo.

J’ai vu des paysages se transformer, j’ai vu les aléas climatiques qui témoignent de changements notables dus à la pollution atmosphérique. Je crois que nous sommes tous responsables devant notre Mère Nature ; nous devons changer nos habitudes, consommer moins, prendre moins souvent l’avion et la voiture. Avec sœur Bernadette Moriau qui a participé au pèlerinage 2018, nous avons partagé ces préoccupations. Elle-même très attentive à cette situation, elle porte une grande attention à l’écologie.

Je crois qu’on ne peut aborder ce pèlerinage qu’avec le sourire. C’est un beau pèlerinage où tout le monde fait attention à l’autre.

En tant que photographe et éditeur, je mesure la chance de faire partie de cette belle aventure. Mes activités m’amènent aussi à travailler à Lourdes, comme avec Jean-François Labourie, archiviste de la ville de Lourdes, rédacteur en chef de la revue « Pyrénées » avec qui j’ai longtemps travaillé mais, aussi pour la revue « Mémoire du pays de Lourdes. »  Toutes ces activités sont complémentaires et m’ouvrent à d’autres horizons. Pour tous, je n’ai qu’un seul mot : merci !»

 

Propos recueillis par Béatrice Rouquet

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