Catherine Albrech, responsable du centre du bénévolat au Sanctuaire Notre Dame de Lourdes
« Lorsque, le 8 septembre 1997, j’ai posé mes bagages à Lourdes, j’avais tout à découvrir. J’étais attirée parle Sanctuaire, sans avoir toutefois prévu quoi que ce soit. J’arrivais tout droit de Cannes où je travaillais à l’époque comme secrétaire de direction dans une entreprise de transports. Avec ma sœur Françoise, nous changions de vie, l’une et l’autre, en venant nous installer au pied des Pyrénées. L’idée s’était imposée, avec force et évidence, quand, de retour d’un pèlerinage à Lourdes, une amie nous avait raconté ce qu’elle avait vécu sur place. Sa joie était communicative, et à son écoute, une image m’avait impressionnée : celle de la Basilique du Rosaire qui, à l’époque, attendait d’être restaurée. Les mosaïques étaient très abîmées, le salpêtre tombait du plafond, surprenant les fidèles même pendant la messe.
Depuis mon enfance, je sentais en moi un grand amour pour le Seigneur et pour la Sainte Vierge. Cette découverte de Lourdes, par témoignage interposé, a résonné en moi : oui, c’était là où je devais me rendre. Assurément, ma place y était. Car, dans mon cœur, m’habitait le profond désir de me mettre un jour au service de l’Eglise. Année après année, cela avait guidé ma vie et mes choix ; j’avais voulu acquérir des compétences pour être en mesure d’être, au sein de l’Eglise, un « serviteur inutile ». C’est ainsi qu’à Cannes, j’avais longtemps œuvré comme sacristine bénévole, dans une paroisse. Et c’est tout naturellement que je suis venue m’établir dans la cité mariale. C’était comme un aboutissement, et peut-être aussi une promesse : celui d’un chemin à accomplir.
Ma première initiative fut de me rendre au Sanctuaire, et de remplir une feuille de candidature pour proposer mes services. J’étais prête à endosser n’importe quelle tâche, quand bien même se serait-il agi de ramasser des cailloux dans le Gave. Quelques mois plus tard, alors que j’avais trouvé un emploi à l’office de tourisme de Bagnères-de-Bigorre, les portes du Sanctuaire se sont ouvertes : Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, cherchait sa secrétaire. Ma candidature fut retenue, et pendant un peu plus de dix ans, j’ai accompli cette mission, tout à la joie de vivre des expériences riches et fortes.
En Mgr Perrier, j’ai trouvé un homme de foi et un homme de prière qui, aussi, comprenait très bien la foi populaire.A ses côtés, j’ai beaucoup appris, et j’ai travaillé en donnant le meilleur de moi-même.
Pendant toutes ces années, j’ai vécu des temps forts, comme la visite de Jean-Paul II, puis de Benoît XVI ; l’un et l’autre ont délivré un enseignement accessible, et tous deux ont été des belles figures de lumière en mesure de pouvoir entraîner le plus grand nombre à leur suite ; j’ai découvert le réseau marial européen à travers des voyages aux côtés de l’évêque, j’ai ainsi vu l’expression de la piété mariale dans d’autres cultures ; j’ai été amenée participer à la préparation de l’année du Jubilé en 2008 où, en se mettant dans les pas de Bernadette, les pèlerins se sont posé les questions fondamentales : qu’ai-je fait de mon baptême ? Comment est-ce que je vis dans mon quotidien ? Autrement dit : où suis-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ? S’il est une phrase de la Bible qui m’habite, c’est sans doute celle d’un Psaume : « La seule chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. »
En 2009, mes responsabilités ont évolué et je suis devenue responsable du centre information du Sanctuaire. Faire de Lourdes un lieu catéchétique est primordial, en proposant par exemple des supports divers à même de toucher les cœurs de pèlerins de tout horizon : vidéos sur le message de Marie, parcours à thème, découverte du domaine avec «les pèlerins d’un jour », initiatives concrètes comme « la petite maison de Bernadette ». Cette dernière est d’ailleurs l’une de mes plus grandes satisfactions : les familles peuvent s’y retrouver pour partager, avec les enfants, la découverte du message de Lourdes : jeux, coloriages, temps de prières, fabrication d’un chapelet…
Ce qui est semé à Lourdes est à la fois beau et merveilleux. Quand, de retour de pèlerinage, les gens témoignent de cette expérience autour d’eux, ils rayonnent. C’est important aussi que Lourdes accueille les familles, car la famille est le socle de notre humanité : c’est là qu’on vit les joies, les consolations, c’est là qu’on peut se réparer, qu’on apprend à pardonner et aussi à aimer…
Depuis le 1er mai 2016, je suis responsable du centre du bénévolat. Ce secteur englobe les bénévoles, tels que les « pilotes » amenés entre autres, à accueillir et guider les pèlerins au sein du Sanctuaire mais aussi à participer à des travaux dans plusieurs services ; tels que « les animateurs en pastorale » ; tels que ceux qui sont amenés à servir à l’Accueil Notre-Dame, à la librairie, au service « couture », ou à la « petite maison de Bernadette ».
A ces bénévoles, nous proposons des temps de rencontres fraternelles, où chacun peut échanger, témoigner, partager un repas, vivre un temps de prière, participer à une messe, rencontrer un prêtre…
Tout ce que je vis à Lourdes me nourrit profondément. J’aime à méditer la façon dont la sainte Vierge s’est adressée à Bernadette : « Priez pour la conversion des pécheurs. » A travers ces quelques mots, elle dit toute la confiance qu’elle nous donne, à chacun de nous, pour suivre ce chemin de charité, de foi et d’amour. Pour moi, la Sainte Vierge est un phare. Le Christ nous a donné sa mère comme un phare. J’aime cette image empruntée à l’univers maritime : le phare brille dans la nuit, les marins sont guidés ; cela évite les écueils. De la même manière, Marie est là ; elle rayonne de sa lumière et montre le chemin. A Lourdes, je trouve ce qui, à mon sens, relève de l’Eglise universelle : il nous appartient d’aimer les gens tels qu’ils sont ; chaque rencontre est source d’émerveillement. Chacun a sa richesse, chacun abrite un trésor. Chacun est aimé. Amour, humilité, joie du service : voici ce à quoi nous invite le Seigneur à travers la Vierge Marie. A Lourdes, c’est assurément, le Ciel sur la Terre !»
Propos recueillis par Béatrice Rouquet.