Question de foi – « Le seigneur fit pour moi des merveilles »
Au sein de « Lourdes Cancer Espérance », la première place est donnée à ceux qui, touchés par l’épreuve, ont à cœur de s’appuyer sur le roc solide de Jésus Ressuscité pour accomplir leur pèlerinage terrestre.
Une Espérance à laquelle fait écho le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes au regard du thème décliné en cette nouvelle année pastorale 2017 : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles » , tiré de son Magnificat et qui peut éclairer la relation à la personne malade. Si Marie, toute Immaculée, a été choisie pour porter Jésus au monde, c’est parce qu’elle était petite et humble, nous rappelle le Père Michel Pagès, aumônier national LCE.
Une réalité à mettre en parallèle avec les mots du Pape François : « Le Magnificat, c’est le cantique du peuple de Dieu en marche dans l’histoire. […] Ce cantique est particulièrement intense là où le corps du Christ souffre aujourd’hui la Passion. Où il y a la Croix, pour nous chrétiens, il y a l’Espérance, toujours. S’il n’y a pas l’Espérance, nous ne sommes pas chrétiens. C’est pourquoi j’aime dire : ne vous laissez pas voler l’Espérance. Qu’on ne nous vole pas l’Espérance, parce que cette force est une grâce, un don de Dieu qui nous porte en avant, en regardant le ciel. » (homélie du Pape François, 15 août 2013).
« Ne vous laissez pas voler l’espérance »
« Ne vous laissez pas voler l’Espérance »… « L’homme regarde l’apparence mais Dieu regarde le cœur ». L’apparence est fragile, pauvre, malade, mais Dieu ne réduit pas une personne à sa fragilité. Il veut nous sauver, et Il appelle chacun de nous. Les amis LCE vivent cette expérience fondamentale : celle d’être accueillis avec leurs fragilités, tels qu’ils sont. Un message à vivre pendant le prochain pèlerinage autour de la figure de Marie.
Vous avez souhaité décliner le prochain thème pastoral au fil des jours, en invitant les amis LCE à se tourner vers la figure de Marie. De quelle manière vivrons-nous les célébrations eucharistiques ?
Afin de mettre en lumière cette Espérance que chante Marie, et que nous sommes invités à chanter avec elle dans son Magnificat, le pèlerinage nous invitera à renouveler nos forces pour aller de l’avant en vivant d’amour, avec Marie.
Le mercredi, la célébration eucharistique aura pour thème : « Marie, santé des malades… Une force de guérison…» Marie nous a donné des signes, et elle peut nous guérir dans nos corps. Ici à Lourdes nous sommes invités à redécouvrir cette place de la guérison qui prend tant de formes et qui nous concerne d’une façon ou d’une autre. Ceci fait partie du message de Lourdes.
Le jeudi, les pèlerins seront invités à méditer le thème : « Marie, refuge des pécheurs… Une force de pardon…». Cette réalité nous est rappelée au moment des Apparitions quand Bernadette est invitée à faire pénitence et à se laver avec l’eau boueuse de la Grotte. Marie veut nous réconcilier avec Dieu. Nous sommes invités à changer nos cœurs, à nous tourner vers le Seigneur. Nous pourrons nous interroger : quel pardon puis-je donner ? Ai-je bénéficié de pardons dans ma vie ? Quels sont ces pardons qui sont en jeu dans ma vie ordinaire ? De quoi suis-je invité à être lavé ? Et Dieu dans tout ça ?
Le vendredi, nous nous laisserons regarder par « Marie, consolatrice des affligés… Une force de consolation ». Cette notion englobe des réalités et des horizons très vastes. Au coeur « de nos afflictions », c’est-à-dire « au cœur de ce qui nous accable », « de ce qui nous fait souffrir », « de ce qui nous rend tristes »…nous sommes invités à ouvrir la porte à Dieu. Nous pouvons penser à ce qui se joue cette année dans les sanctuaires, autour du « chemin de la consolation » (fin du chemin de croix de la colline) pour toutes les femmes qui ont perdu un enfant avant la naissance, qu’il s’agisse d’une interruption volontaire de grossesse ou d’un drame personnel de santé. Il y a dans nos vies des épreuves – de santé, de travail, de famille, de défis divers – pour lesquelles nous avons besoin d’être regardés par le Seigneur et par Marie parce que nous en sommes particulièrement « affligés »…
Enfin, le samedi, nous parlerons de « Marie, miracle de Lourdes… Une force de renouveau…» Marie, elle-même, est venue « réveiller » nos âmes. Marie a donné à Bernadette un avenir, une joie. Elle l’a rendue capable de se découvrir comme une personne, de prendre son envol dans sa vie, de déployer sa vocation chrétienne.
L’Espérance n’est-elle pas un don que nous sommes invités à accueillir mais aussi à préserver ?
Le cancer pourrait tout nous enlever : la santé, les relations, la joie de vivre, la Foi… Mais, au cœur même de l’épreuve, nous pouvons continuer à espérer. Nous connaissons des personnes malades qui, malgré les difficultés et les souffrances, continuent de rayonner parce qu’elles sont tournées vers les autres, qu’elles mettent l’amour au cœur de leur vie et parce que le Dieu de Jésus-Christ est au cœur de leur vie. L’Espérance nous envoie vers les autres ; et c’est ainsi que notre coeur peut s’ouvrir à la petite lumière qui pointe au bout de la nuit. C’est toujours voir plus loin, et savoir que l’on peut toujours faire quelque chose pour les autres, puisque l’on se sait aimé de Dieu malgré tout…
Vous dites que « Dieu nous veut dans l’Espérance»…
De par mes missions pastorales, j’ai rencontré des malades qui, tout en traversant des soins difficiles, « boostaient » leurs propres familles. Parfois il suffit simplement de témoigner à quelqu’un : « Je serai toujours là pour toi » ou encore : « Je prie pour toi », ou encore, de savoir écouter, de laisser l’autre être lui-même et de lui permettre de cheminer en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il a reçu. Bien des fois, j’ai entendu cette confidence : « LCE m’a remis debout.» A LCE, nous vivons l’Espérance en actes…
Le thème de la consolation vous est particulièrement cher…
Il est des événements que nous vivons, comme celui de la perte d’un enfant, qui sont inconsolables à vue humaine. Il faut se mettre devant Dieu pour pouvoir se relever. Pour les femmes qui ont vécu un avortement, le Pape François a demandé aux prêtres qu’on puisse leur donner l’absolution. Cela en dit long sur la vocation de l’Eglise, qui est celle d’accueillir les souffrances de toute l’humanité. Au pied du Rocher, Marie s’est montrée mère et éducatrice. Elle a appris à Bernadette le sens de la pénitence, à se laisser guider pour accomplir sa vocation en union avec le Christ. Nous pouvons reprendre ces mots que j’ai entendus, et qui nous parlent de la consolation divine : « J’existe pour quelqu’un ; c’est la joie des petits.» Bernadette ne disait-elle pas ? «Elle m’a regardée comme une personne…»
Que peut-on dire sur l’humour quand nous sommes éprouvés ? N’est-ce pas là un don du Seigneur qui va de pair avec l’espérance ?
A travers l’humour, on peut mettre à distance l’épreuve et la difficulté. Cela est révélateur d’une certaine joie qui habite profondément notre vie. Dans les rires que nous pouvons partager, même si nous traversons des épreuves, se noue quelque chose qui parle de notre humanité et qui reflète la tendresse, la complicité, la bienveillance. Nous sommes sur un même niveau et l’humour, quelque part, ne peut que nous rapprocher les uns des autres. A la Grotte de Massabielle, il est rapporté que Marie a souri à plusieurs reprises. Cet humour est l’un des signes que Dieu nous aime avec la juste distance de sa tendresse.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet
Une question à Mgr Jacques Perrier, évêque émérite de Tarbes et Lourdes
De quelle manière Bernadette a-t-elle été le témoin de cette tendresse de Marie qui se dit dans son sourire ?
Durant les apparitions, il nous est rapporté plusieurs moments où la Vierge Marie sourit.
Au moins à trois reprises :
– Le 11 février, dans l’interrogatoire conduit par Jacomet, Bernadette confie : « (elle) me sourit un instant ».
– Le 14 février, Bernadette jette à Marie de l’eau bénite : « Elle se met à sourire, à incliner la tête, et plus je l’arrosais, plus elle souriait ».
– Le 4 mars. Jacomet note 34 sourires et 24 saluts.
– Le même jour, quand elle est interrogée par Jeanne Védère, elle répond : « Je suis triste quand Aquero est triste, et je souris quand elle sourit.»
– A la vue de la maquette, Bernadette fait observer que « la figure ne paraît pas assez jeune ni assez souriante » (transmis par l’abbé Peyramale)
En dehors des apparitions, on connaît plusieurs anecdotes révélant que Bernadette aimait rire. Mgr Perrier lui a consacré le chapitre 52 de « Bernadette, pourquoi je l’aime » (NDL Editions). Il souligne comment son humour était habité par la charité. Elle témoignait d’un caractère jovial, léger, qui allait jusqu’à l’espièglerie. Elle était pleine d’entrain et riait de bon cœur.