Lourdes est au cœur de la vie de Jeannine Osty qui, de 2006 à 2017, a été déléguée de Lourdes Cancer Espérance en Lozère. Peu après sa naissance, elle a été confiée à Notre-Dame de Lourdes alors que le médecin s’était rendu compte qu’elle dépérissait au fil des jours. En effet, le lait maternel avait perdu ses qualités nutritives au regard du drame qui s’était noué peu avant : le frère de Jeannine, alors âgé de trois ans, était mort accidentellement en s’étouffant avec une châtaigne sèche. Les parents, accablés par le chagrin, ne s’étaient pas rendu compte que Jeannine était en danger.
Jeannine a grandi dans un cadre aimant, où la dévotion à Marie était très présente : ses parents participaient au pèlerinage diocésain qui avait lieu tous les deux ans, et emmenaient avec eux un oncle, une tante, une grand-mère, un enfant… Un autre signe témoignait de leur foi, à l’image de la prière qui les rassemblait tous les soirs : Jeannine confie sa dévotion pour le Sacré Cœur de Jésus, pour saint Joseph, pour la Vierge Marie, pour Sainte Thérèse de Lisieux…
En prenant sa retraite, son mari, Jean-Marie, agriculteur, est devenu hospitalier du pèlerinage diocésain. Depuis toujours, Jeannine a aimé se rendre à Lourdes, non seulement comme bénévole – elle-même est encore hospitalière au pèlerinage diocésain et a fait des stages à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes – mais aussi comme pèlerine au rassemblement des Anciens Combattants, et au pèlerinage du Rosaire.
Dès 2005, elle a rejoint l’aventure de LCE, comme déléguée puis comme hospitalière au sein de HLCE. Elle ne trouve sa raison d’être qu’en étant proche des autres. Cette infirmière à la retraite a aussi joué un rôle important dans sa commune, en fondant l’antenne locale de l’ADMR, association dans laquelle elle est engagée depuis 1985. Jeannine confie volontiers qu’elle se donne totalement à sa mission, avec l’espoir d’apporter un peu de joie, une écoute attentive, une présence bienveillante : « Ce que j’aimerais, c’est qu’il y ait plus de solidarité entre tout le monde, qu’il y ait le respect des autres. Quand j’étais déléguée de LCE, j’étais entourée d’un bureau qui avait la même envie : que tout soit fait pour les malades, que les liens soient présents tout au long de l’année. C’est la seule manière d’être ! Quand, dans la nuit, je me réveille, je récite deux ou trois fois le ‘Je vous salue Marie’ avec toujours une intention pour telle ou telle personne que je sais en difficulté ou malade. Je suis touchée par tous les malheurs qui frappent ce monde, et j’ai envie d’apporter du bonheur autour de moi. J’offre mon travail comme une prière, en étant attentive à ce que les malades ne manquent de rien. »
Entretien :
Qu’évoque pour vous la communion des saints ?
Quand je prie les défunts de ma famille, en particulier mon mari décédé, je m’adresse à eux en disant : ‘Tu peux aider tel ou tel qui rencontre une difficulté, qui est dans telle situation délicate. Aide-nous à avancer, à nous guider dans nos choix.’ Parfois on est découragés, et la prière permet de repartir. On ressent la présence de ceux qui, ayant rejoint l’autre rive, nous accompagnent. Quand je fais dire une messe pour les défunts, je sens une force qui me renouvelle. Parfois quelque chose se dénoue à ce moment-là.
Il y a une quinzaine d’années, vous vous êtes engagée à la pastorale des funérailles. Comment ressentez-vous cette mission ?
Quand on m’a appelée, j’ai cru au départ que je ne serais pas capable d’accomplir ce service. Puis j’ai prié l’Esprit Saint, et j’ai dit Oui. Il faut être à l’écoute des gens. Quand je rencontre la famille, je prie le Notre Père, le Je vous salue Marie. C’est une mission très lourde, et il m’arrive de craquer. Mais la prière est une manière de rester debout. Il faut continuer à prier avec les défunts, et pour les défunts.
De quelle manière le pèlerinage LCE permet-il aux participants de trouver réconfort et sérénité ?
Lorsqu’on accompagne les malades, on se rend compte qu’au fil des jours, ils s’apaisent. Une pèlerine qui ne pratiquait pas m’a dit qu’elle avait retrouvé la foi en allant à Lourdes. Je me souviens d’une dame que j’ai accompagnée aux piscines. Sortie du bain, elle tremblait et pleurait. Je l’accompagnais avec une jeune aide-soignante, et nous avons pris chacune sa main. Elle nous disait que la Vierge ne l’écoutait pas. Ensemble, nous avons dit un : Je vous salue Marie. Cette dame s ’est détendue ; ce geste lui a donné confiance, l’espérance l’a fortifiée.
Y a-t-il une phrase de la Bible qui vous habite plus particulièrement ?
Je me référerais à cette parole : « Ta grâce me suffit ». Quand Jésus désigne le disciple Jean, et Marie, au pied de la Croix, il dit : « Voici ta mère », « Voici ton fils. » On n’est pas parfait, on a besoin de la grâce de Dieu pour avancer et le rejoindre. Ce qui me caractérise, c’est mon envie d’avancer vers Dieu et vers les autres. Au décès de mon mari, j’ai eu beaucoup de mal à prononcer, dans la prière du Notre Père, la parole : « Que ta volonté soit faite ». Mais je crois que si l’on se replie sur soi-même, on n’est utile à personne. C’est important de rester ouvert, de garder confiance, d’être constructif. Quand je rencontre une personne âgée, une personne malade, je n’attends rien en échange. Un sourire me suffit.
Quelle place la prière occupe-t-elle dans votre vie ?
Lourdes est le lieu marial qui m’attire le plus. Chaque jour, je lis les textes de la messe et les commentaires. Je me relie à la messe célébrée chaque jour à la grotte de Massabielle depuis le confinement, ou encore au chapelet dit au Sanctuaire, même si je le fais parfois à d’autres horaires de la journée. J’ai suivi la prière que le Pape a demandé pour que la pandémie cesse. C’est une coutume ancienne que de prier, de faire des processions quand on est frappé par une pandémie ou des catastrophes naturelles.
Comment avez-vous vécu la célébration eucharistique préparée par la délégation de la Lozère lors du pèlerinage LCE en 2015 ?
J’ai été agréablement surprise par la force de caractère, le courage de Colette, Françoise, Monique, Jean-Claude qui, tous les quatre, malgré leur fatigue, leurs souffrances et la maladie très avancée, ont participé activement à la préparation de cette belle célébration. Depuis ils ont tous rejoint la famille LCE du Ciel. Tout le monde s’est beaucoup impliqué, et j’ai une pensée spéciale pour Françoise qui avait peint les deux tableaux : la cathédrale de Mende et le Pape Urbain V. Je pense aussi à Colette qui avait fait un très grand effort pour participer à ce magnifique pèlerinage en représentant la tradition de notre pays avec le soutien de son mari Eloi. Tous deux portaient le costume auvergnat. Je porte aussi dans le cœur Monique qui s’était engagée avec son mari Michel. Ce dernier avait revêtu la grande cape verte du berger, et leur fils avait fabriqué un agneau pour mimer « l’évangile de la brebis égarée». Les personnes les plus malades ont été mises à l’honneur. En premier, dans la procession d’ouverture, ensuite à la procession des offrandes et deux personnes ont donné leur témoignage d’espérance en action de grâce. C’était les malades d’abord. J’aimerais que ce soit toujours ainsi : être attentif les uns aux autres. Il importe de garder les valeurs premières de compassion, de solidarité et d’amour. Je remercie d’avoir la chance de pouvoir donner mon soutien, mon sourire, mon affection, mes compétences auprès des personnes malades. Lourdes Cancer Espérance apporte un grand réconfort à tous ceux qui rejoignent cette belle aventure.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet
3 Responses
Jeaninne
moi, je m’appelle Bernadette est je suis née il y a 74 ans aujourd’hui, 29 Mai et c’est grâce à ND de LOURDES et à Ste Bernadette, que j’ai pu etes adoptée au mois de Juin 1947
ND de Lourdes et Ste Bernadette, sont toujours proche de moi et me protègent, malgré les problèmes de la vie et qu’Arnaud mon fils polyhandicapé de 43 ans,(qui en rémission d’un cancer depuis 2020) et grâce à la famille Lourdes Cancer Espérance 43 , Hte Loire, j’ai trouvée un soutien et des amis, même si en ce moment ont ne peut pas se voir et merci à Ninou Perbet et aux autres membres qui m’appellent souvent et à mon parrain Jean-Claude Forest( 2013) et sa femme Caline Forest ( ma marraine en 2017)qui m’ont accueillie en 2006 quand je suis venue sur Brioude et a Françoise Guibert( ma marraine en 2019) qui a hélas sa sœur Geneviève atteinte d’un cancer généralisée, merci pour cette grande chaine humaine Amitiés, Bernadette
Un grand merci Jeannine pour ce beau témoignage .Tu t’es engagée très tôt auprès des malades et des plus fragiles et tu as toujours été
fidèle à cet engagement .Que Dieu te bénisse et que Notre Dame de Lourdes te protège.
je lis ces commentaires avec un immense respect et les larmes aux yeux .
Lourdes, comme j’ai déjà marqué ce n’est pas pour faire bien vis-à-vis des autres!!! Pour moi, c’est ma nourriture. En 1969, je suis venu a lourdes avec mon épouse ; nous sommes venus remercier Notre-Dame pour l’intervention à cœur ouvert de notre fille, réussie. A la fin de notre pélé, en regardant le sanctuaire, j’ai promis ! Promis à notre maman du ciel de revenir. Mes besoins financier étant très justes, j ai attendu.
En 2017, j ai perdu ma sœur. J’ai dit : « je retourne à Lourdes! »
Ne connaissant pas Lourdes Cancer Esperance, j’ai vu, à Paris, gare Montparnasse, beaucoup de personnes avec le foulard vert. Trop curieux, je leur demande :
– « Vous allez où ?????
– A LOURDES CHER MONSIEUR !
– Et bien je vous suis ! »
j’ai été accueilli à bras grand ouverts tout de suite. Grâce à tous les liens d’amitié, j’ai pris contact pour mon inscription une année après. Inutile de redire que j’ai vécu des moments extraordinaires, d un immense recueillement. C’était, au pied de Notre-Dame, le paradis sur terre ; et toujours je suis revenu : 2018, 2019. Lourdes, le ciel grand ouvert, c’est un paradis.
L’an dernier, je suis allé au pèlerinage du Rosaire. 3000 pèlerins, pas de malades, mais notre maman du ciel !
et cette année, c’est encore supprimé. J’essaierai d’aller à Lourdes. J’irai prier pour nous tous, prier pour ceux qui ne prient pas, prier pour les incrédules! Immense respect à vous j ai un appel d’y aller. Je vais prier pour tous