Aumônier de la délégation de la Vendée, le Père Gilbert Limouzin accompagne les pèlerins de LCE durant le pèlerinage. Dans la communauté de l’Eglise, le sacrement des malades remplit de force, de foi et d’espérance.
Entretien :
Le sacrement des malades est un temps fort du pèlerinage de Lourdes Cancer Espérance. Que représente-t-il pour ceux qui le reçoivent ou ceux qui les accompagnent ?
Ce sacrement est un temps de rencontre entre la personne malade et Jésus. Il est destiné à ceux qui ont une maladie déclarée ou qui doivent subir une intervention. Il est souhaitable de demander ce sacrement dès que la maladie nous atteint.
Que représentent les gestes lors de la célébration ?
1- L’imposition des mains : se tenir la main permet d’exprimer sa tendresse dans une chaîne de solidarité. Auprès d’une personne qui n’a pas la force de parler, le proche lui dit qu’il est là en passant, par exemple, sa main sur le front. Quand un être est diminué, Jésus dit sa tendresse, sa compassion, sa présence.
2 – Lors de la célébration, l’huile est posée sur le front et sur les mains. Le front représente le lieu de l’intelligence. Les mains touchent nos activités. A travers ce sacrement, Jésus nous dit : « Je suis là avec vous, je veux vous relever, vous remettre debout.»
Il y a quelques années, vous aviez dit lors d’un pèlerinage que le sacrement est une « bouée que Jésus nous lance du haut de sa croix ».
Le Pape Jean-Paul II donnait l’image d’une corde lancée par le Christ. Dans le coeur des personnes malades, le Seigneur suscite le désir profond de recevoir ce sacrement. « Si tu veux, viens saisir cette bouée. Tu vas tenir au-dessus de la maladie, et non sombrer dans le découragement. Je te tiens hors de l’eau pour que tu puisses être fort. » Le sacrement ne se vit pas tout seul, mais dans la communauté de l’Eglise.
Après la célébration, il importe que des liens se tissent entre la personne malade et le ministre du sacrement, par une parole, un geste, un sourire, un peu de chaleur humaine.
Quand peut-on recevoir le sacrement des malades ?
Le sacrement peut être proposé en différentes circonstances :
1 – à toute personne souffrant d’une maladie sérieuse qui met sa vie en danger et modifie sa situation, même s’il n’existe pas de grave péril immédiat.
2 – à toute personne entrant dans un état physique comportant un affaiblissement notoire de ses forces : c’est le cas de la vieillesse.
3- à tout être qu’une maladie ou la perspective d’une grave intervention chirurgicale dépriment corporellement.
4- Un enfant peut aussi le demander si son état de santé se dégrade régulièrement.
Ce sacrement permet de rencontrer Jésus vivant, ressuscité. Le sacrement n’apporte pas un effet passager ; il dure et accompagne. Je me souviens d’un témoin qui confiait comment il avait vécu ce sacrement de l’intérieur, et un an plus tard, a assisté à la même célébration : « Le Seigneur a réveillé toute sa puissance et tout son dynamisme. »
Jean-Paul II disait : « S’il n’y avait pas les malades et les personnes âgées parmi vous, vous pourriez être tentés de considérer la santé, la force, le pouvoir comme les seules valeurs importantes dans la vie. » Pouvez-vous nous en parler ?
Je rejoins les paroles du Pape. Les malades, les pauvres, les petits nous disent la valeur de la personne humaine. Chacun doit être respecté et accompagné dans le monde d’aujourd’hui où, bien souvent, on voudrait que seul existe le succès. Nous avons besoin de ces personnes qui nous ramènent à la réalité de la vie, à la place occupée par l’amour. Au cœur de l’épreuve, le Seigneur montre que chacun a sa place dans l’Eglise, celle de rendre l’Eglise vivante. Dans le sacrement des malades, le Seigneur nous rejoint. Le Christ porte la croix avec le malade.
Pouvez-vous nous parler de votre attachement à Lourdes Cancer Espérance ?
Depuis que j’ai été amené à remplir cette mission, j’accorde une grande importance à l’association et donc au rassemblement à Lourdes. C’est un lieu où tous, nous pouvons nous rencontrer et partager. Ensemble, nous travaillons à construire le Royaume que Jésus est venu établir sur Terre. Cela passe par le sourire et l’accueil malgré les souffrances et les difficultés que nous pouvons traverser. Comme le dit Saint Paul, « Il n’y a que l’amour ».
J’aime aussi accompagner des pèlerins de façon plus personnelle, porter leur souffrance avec eux, ouvrir le chemin vers Jésus. Aller à Lourdes est un temps de bonheur intérieur profond. Les malades et les bien-portants en ont besoin, portés par le vœu de communier ensemble. Je suis tellement heureux de partager avec eux l’écoute, le dialogue, la prière.
Le pèlerinage de Lourdes Cancer Espérance permet de vivre un temps de retraite, qui ne s’exprime pas dans le silence, mais dans l’écoute et la parole de Dieu vécue au quotidien. Il m’arrive aussi de participer aux rencontres des délégations du grand secteur. Ce sont des moments très chaleureux. Il importe de traduire cette miséricorde, cette tendresse à tous ceux qui la recherchent.
Quelle est l’origine du sacrement des malades ?
Quand on parle du sacrement, on pense aussitôt à l’apôtre Saint Jacques qui disait : « Si l’un de vous est malade, qu’il appelle les prêtres de l’Eglise, ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade. Le Seigneur le relèvera et s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. » L’Eglise l’a pris en compte et le sacrement des malades est né.
Lors d’une émission radiophonique, des pèlerins de Lourdes Cancer Espérance de Côte d’Or témoignaient il y a quelques années sur la vie de l’association. L’un deux avait relevé l’importance et la signification des gestes qui ont cours durant le sacrement des malades…
Les gestes de l’onction de l’huile sur le front et sur les mains sont importants car ils nous rejoignent dans ce que nous sommes, dans notre esprit et dans notre corps. Le Seigneur prend ce qu’il y a de meilleur en nous.
Les malades sont attachés à ce sacrement qu’ils reçoivent au milieu des hommes d’aujourd’hui. Les malades ont parfois le sentiment d’être inutiles dans une société marquée par l’utilitaire, l’efficacité. Ils sont tentés par le découragement.
A travers ce sacrement, Jésus vient dire que la personne malade a un rôle, un service, une mission irremplaçable. Les malades nous aident à comprendre le premier commandement : « Aimez-vous les uns les autres ». Ce commandement nous arrache à la tentation de nous laisser aller à l’égoïsme, au repli sur nous-mêmes.
Aujourd’hui, dans notre monde, celui se croit inutile dans la société des hommes est appelé par la grâce de l’onction des malades au plus grand service du peuple de Dieu : celui d’aimer.
Bernadette était une petite fille pauvre, au cœur tourné vers le Seigneur. Elle a reçu une mission et a été regardée comme une personne. Nous sommes invités à regarder les gens avec amour, tendresse et miséricorde. Il faut nous dépasser nous-mêmes. Le Seigneur passe par nous, et exprime de cette manière la réalité de son amour et de sa tendresse.
Lourdes est un temps fort, mais il faut construire l’après-Lourdes et pouvoir vivre ces temps d’échange et de partage. Là où elle est, dans son quotidien, la personne malade a besoin d’être accompagnée. Lors de l’Onction des malades, le Christ révèle son amour.
Propos recueillis par Béatrice Rouquet
Photos Philippe Cabidoche