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Michelle Verley, bénévole à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes

Michelle Verley, bénévole à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes au service saint Jean Baptiste

 

« Nombreux sont ceux dont la vie est transformée après leur passage aux piscines. Il est beau de voir cette force qui pénètre le cœur de tant de personnes qui, souvent, accomplissent cette démarche dans la foi et viennent confier leur vie, parfois diminuée par la maladie, fragilisée par une souffrance tapie dans leur cœur, abimée par une cassure dans les relations humaines qu’elles espèrent voir restaurées dans leur beauté initiale.

Humilité et abandon sont les maîtres mots pour entrer dans le chemin proposé par le Seigneur et la Vierge Marie : celui de la conversion. On reste soi-même, mais on tisse quelque chose de nouveau pour se réconcilier avec Dieu et avec les autres.

Je crois que la Sainte Vierge travaille bien aux piscines. Je pourrais vous donner l’exemple de l’une de mes amies, protestante allemande, qui vit en France depuis 50 ans. Venue accompagner une amie, elle s’est retrouvée à l’intérieur des piscines, sans l’avoir cherché. Elle s’est baignée. A ce moment-là, elle s’est mise à pleurer, remerciant les hospitalières pour leur gentillesse. Il s’agit d’une dame non pratiquante, qui n’a pas changé de religion. Mais le souvenir est resté, elle en parle encore aujourd’hui avec beaucoup d’émotion, comme un moment qui est resté dans son cœur.

Les piscines sont aussi un lieu d’espérance. Comment vous le dire mieux qu’à travers ces rencontres drôles et touchantes que l’on vit, où des dames âgées sont pleines d’humour et ont tant de recul par rapport aux épreuves qu’elles connaissent ? En tenue de service à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes depuis dix ans, j’ai fait mon engagement il y a maintenant trois ans, et je sers aux piscines de façon régulière, été comme hiver. Je mesure la chance d’être en bonne santé, et mon engagement tient à mon souhait d’accueillir les malades et tous les autres, selon la mission confiée par la Sainte Vierge. Nous avons tous besoin d’être regardés par le Seigneur, d’être aimés et de savoir que nous avons du prix à ses yeux. Pour moi, Marie est une compagne. Elle est à mes côtés, je lui parle souvent.

Après un temps de formation et de service, j’ai fait mon engagement aux piscines en 2014, un 16 avril. Cette date ne m’est pas indifférente : ce jour-là, on célèbre l’anniversaire de l’entrée au Ciel de Bernadette, la fête de saint Benoît Joseph Labre, et l’anniversaire de Benoît XVI. Pour être hospitalière, il faut concilier une double vocation : aimer et donner. Nous sommes tenues à une ligne de conduite, qui se dit dans le don de soi, l’humilité et l’obéissance.

Toutes les personnes qui viennent se baigner aux piscines sont uniques. Comme hospitalières, nous sommes à leur service ; nous sommes là pour les aider à descendre les trois marches pour pénétrer dans l’eau de la source, à les tenir quand elles prennent leur bain. Mais nous devons être en retrait. Ce face à face avec Marie leur appartient. C’est leur rencontre personnelle, leur moment de communion. C’est la Vierge Marie qui est là. C’est elle qui va les rejoindre, qui va les prendre sous son manteau, les inonder de son amour et les relever.

J’ai gardé le souvenir d’une jeune femme atteinte d’un cancer des os. Elle s’est baignée et a renouvelé cette démarche deux années plus tard. La Vierge lui avait donné un peu de temps pour rester encore sur Terre. Aux piscines, on ressent beaucoup cette espérance qui se dit dans cette vie, mais aussi dans celle d’après. Depuis que je sers aux piscines, je n’ai plus de doute sur la vie éternelle. J’ai mieux compris aussi cette parole de la Vierge : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse dans ce monde, mais dans l’autre. »

Avant de se baigner, les pèlerins sont invités à formuler leur intention de prière en silence au moment où ils vont entrer dans le bain. Pour ceux qui le souhaitent, nous proposons de faire le signe de la croix ; mais ce n’est pas toujours le cas, car certaines personnes confessent une autre religion ou sont athées. Dans mon cœur, j’ai beaucoup de remerciements à formuler au Seigneur, et il est sans mesure, à l’image de ce que j’ai trouvé en servant aux piscines. Nous rencontrons des personnes en fin de vie, parfois des enfants. Ce sont des moments de vérité, mais nous savons aussi que la vie est plus forte que la mort dès lors que nous laissons place à l’amour. Le Seigneur fait son œuvre en nous. Les piscines offrent des rencontres bouleversantes, touchantes.

Je me souviens de ma rencontre avec une dame de couleur, venue avec sa fille de trois ans. Cette dernière se tenait non loin d’elle, récitant un « Je vous salue Marie. » La jeune enfant s’était déjà baignée l’année précédente, et nous lui avons proposé de refaire cette démarche. Arrivant devant la statue de la Vierge, elle s’est mise à chanter un Ave Maria, avec une voix magnifique. C’était bouleversant. C’est l’un de mes plus jolis souvenirs.

Venir aux piscines, c’est aussi prier. Avant de commencer le service, les membres de l’hospitalité se rassemblent pour invoquer Marie. Pendant l’été, un prêtre nous rejoint pour animer cette prière. La foi, c’est adhérer au projet de Dieu, elle se nourrit aussi de ce que la vie nous a enseigné, de ce qu’elle nous a donné ou pas. Je vis ma foi dans ma vie quotidienne, mais aussi dans mes différents engagements : comme bénévole à l’hospitalité Notre-Dame de Lourdes, l’hospitalité de Bigorre, l’aide à des communautés religieuses, ou par le passé dans des associations comme les Restos du Cœur.

Je crois profondément que, dès lors que nous mettons l’amour en premier, il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions. Je vois comment la Vierge nous aide, nous porte, nous accompagne. Je ne suis pas la même depuis que je me suis engagée au sein de l’hospitalité. Pour tout ce chemin qu’il m’est permis d’accomplir, dans la fraternité, l’amitié et la bienveillance, je n’ai qu’un message : Merci Marie. »

Propos recueillis par Béatrice Rouquet.

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