Martine Korpal, secrétaire de rédaction au sein du service communication du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes
« Comme tous ceux qui travaillent au Sanctuaire, je suis portée par ce qui s’y vit, et c’est avec beaucoup d’humilité que j’accomplis les tâches qui sont les miennes dans un esprit de service. Avant même de réaliser un travail, je me sens investie d’une mission toute particulière pour prendre part à l’annonce de l’Evangile.
La Sainte Vierge m’accompagne et me conduit ; elle me permet aussi d’accueillir la démarche des pèlerins pour que, ici et ailleurs, soit toujours entendu le message d’Amour qui se dit dans la rencontre de Marie et de Bernadette. Nous contribuons chacun à notre mesure à la construction de l’Eglise, et il nous revient de placer notre vie sous la protection de la Vierge, notre maman du Ciel : quels que soient nos paquets, les souffrances que nous déposons devant elle, elle donne toujours une réponse.
Je porte en moi l’exhortation du Christ : « N’ayez pas peur ! », « Demandez et vous recevrez ! » Ces mots, je les répète souvent à mes interlocuteurs, pèlerins ou amis de Lourdes, qu’ils soient à l’autre bout du monde ou dans une chambre d’hôpital.
Je suis très attachée à toujours répondre aux courriers ou à engager une conversation téléphonique en prêtant attention à chacun. J’écoute beaucoup pour ne pas donner des réponses « toutes faites » ; parfois, il suffit simplement d’être une présence, de faire le lien entre Lourdes et la personne qui a simplement besoin de parler et de confier une prière. Je porte ce message de façon d’autant plus sincère que mes paroles de réconfort et d’amour s’appuient sur ma propre expérience, qui est aussi nourrie et enrichie par celle des autres. Que de témoignages de vie merveilleux !
Après avoir travaillé, de 1980 à 1991, dans différents endroits – hôtels, agences de voyage, magasins -, j’ai rejoint le Sanctuaire en 1991 avec le sentiment d’y avoir été conduite par la Providence ! Mes activités professionnelles ne m’apportaient pas cette dimension relationnelle que j’ai ensuite trouvée dans le Sanctuaire. Quand j’ai répondu à l’offre d’emploi, celle-ci était anonyme et requérait des compétences précises par rapport au domaine de l’imprimerie, de l’édition, de l’expérience de secrétariat et d’archivage, de l’usage de langues étrangères. Je n’avais jamais travaillé dans une imprimerie ni mis un pied chez un éditeur. Et pourtant, je fus convoquée à trois entretiens successifs, et je fus embauchée en qualité d’assistante de François Vayne, au moment de la création de Lourdes Magazine.
Mes tâches portaient essentiellement sur la saisie des articles, la relecture, la coordination entre les traducteurs, les relations à l’imprimerie, la création d’une photothèque. Je répondais aussi au courrier des lecteurs.
Lors des journées de février, j’étais présente pour rencontrer les directeurs de pèlerinage, les présidents d’hospitalité et assister aux interventions. Jusqu’au début de l’année 2013, l’existence de Lourdes Magazine m’a permis de vivre une aventure riche, magnifique. Nous avions des abonnés dans 132 pays. J’ai pu aussi faire des rencontres extraordinaires, dans la simplicité des cœurs comme, par exemple, avec le cardinal Louis Marie Billé, Primat des Gaules, mort en 2002. Alors qu’il présidait la Conférence des Evêques de France, il venait toquer à ma porte à chaque fois qu’il séjournait dans la cité mariale.
Il y a tant et tant de souvenirs qui, aujourd’hui encore, me portent. Je pourrais parler de cette belle rencontre avec une femme médecin à Abidjan qui, dans le village natal de son époux, a créé une réplique de la grotte de Lourdes. Elle nous avait fait parvenir son témoignage, ainsi qu’une photo où des enfants posaient à côté de l’édifice. Nous avions mis cette image en couverture. Cet écho médiatique lui avait permis par la suite de trouver les soutiens nécessaires pour construire une église. Je l’ai rencontrée le 8 décembre dernier et elle a reçu le scapulaire de la famille de Notre-Dame de Lourdes des mains du Père Cabes, recteur du Sanctuaire.
Nombreuses sont les personnes qui, pendant la période des vœux, me font signe : elles n’ont pas oublié qu’un jour, je leur ai répondu ou que nous avons publié leur courrier dans nos colonnes.
Je pourrais vous parler encore d’une dame qui m’appelle et souhaite lire quelques passages sur la vie de Bernadette. Jeune, elle a été percutée par une voiture alors qu’elle faisait du vélo. Elle a gardé des problèmes de mémoire et d’élocution mais, très attachée à Lourdes, elle peut séjourner à l’Accueil Notre-Dame, lorsqu’elle vient en pèlerinage grâce à l’association de brancardiers, l’ABIIF.
Beaucoup de personnes portent des souffrances, comme ce couple qui, durant les attentats de Nice, se trouvait sur la Promenade des Anglais. Devant un tel drame, ils ont eu besoin de parler à quelqu’un du Sanctuaire et d’exprimer leur douleur : « Où donc était Dieu ? Comment peut-on croire après avoir vécu cela ? », m’ont-ils demandé. Je me souviens avoir puisé ma réponse dans la foi, aidée aussi par l’Esprit Saint : « Dieu était là, et sans doute a-t-Il permis dans le même temps que des vies soient sauvées. Vous-mêmes avez pu réchapper à ce drame, et le nombre de victimes aurait pu être encore plus lourd. »
Des échanges tels que celui-ci sont dits avec le cœur et portés par la prière. Aux personnes qui viennent à nous, je dis toujours : « Ne désespérez pas ! Remettez-vous entre les mains de Dieu. Toujours, Il donne une réponse… » Ces mots, je les donne, car ils font partie intégrante de ma vie de chrétienne. Je sais aussi que la Vierge met, sur notre route, les bonnes personnes aux bons endroits.
Les visites des Papes Jean-Paul II, en 2004, et de Benoît XVI, en 2008, m’ont aussi portée de façon intime dans ma vie. Pour la première d’entre elles, je faisais partie des membres du personnel qui ont participé à la procession aux offrandes. Je me suis retrouvée devant le Pape Jean-Paul II, et cela a été un grand moment de grâce. Son regard était intense. Cela m’a habitée, d’autant qu’à la même période, ma maman avait des problèmes de santé qui allaient grandissant. Mon papa a beaucoup veillé sur elle.
Quand le Pape Benoît XVI est venu à Lourdes, nous avons vécu dans le même temps la maladie de mon papa, emporté par un cancer foudroyant. Ma mère n’a pas supporté sa disparition ; elle est morte peu après.
Pendant que je vivais ces épreuves, je réalisais ce que nous confiaient ces deux papes, et l’invitation à vivre la maladie dans un esprit de foi. Tous deux m’ont fait avancer spirituellement.
J’ai compris que, grâce à la prière, on peut donner un sens à la maladie. On apprend à tout recevoir de Dieu comme une grâce, et cela nous rapproche du Ciel. Je crois que lorsqu’on apprend que l’on est malade, il faut demander à accepter cette réalité, plutôt que de la rejeter. Je crois profondément que Dieu nous envoie des épreuves à la mesure de ce qu’on peut supporter. On a le pouvoir de faire fructifier ce temps de la souffrance, et permettre de faire éclore des grâces.
J’ai beaucoup appris des personnes que j’ai rencontrées, et qui aussi, m’ont montré ce chemin de foi. Je pourrais vous citer bien des souvenirs sur les temps forts que je vis au Sanctuaire. Il y a par exemple cette pèlerine allemande que j’ai invitée chez moi en présence de ma famille. Chaque Noël, elle m’envoyait un petit cadeau, dans la gratitude de ce que j’avais fait un jour pour sa maman.
Cette dernière était malade, et vivait en Angleterre ; sa fille lui avait offert un pèlerinage à Lourdes dans un cadre anglophone. Sur place, j’ai accompagné sa maman qui parlait allemand, et fait office de traductrice pour lui permettre de vivre pleinement ces instants. On donne, et on reçoit tellement en retour ! C’est la joie simple de la rencontre et de la fraternité !
Je suis aussi très attentive à toujours témoigner d’un message qui me tient à cœur : Dieu ne juge pas, Dieu est Amour, Dieu est miséricordieux. Il arrive que des pèlerins portent sur leur vie un regard très négatif. Certains ne se sont pas confessés depuis 40 ans, et ils pensent que Dieu ne peut pas les accueillir. D’autres portent des fardeaux et pensent qu’ils ne sont plus aimés de Dieu. Mon rôle est de leur dire que la porte est toujours ouverte, qu’ils peuvent rencontrer un prêtre pour le sacrement de réconciliation et que, s’ils ne sont pas baptisés, ils pourront au moins se libérer par la parole. Dieu nous aime et nous attend !
Si la dimension relationnelle fait partie intégrante de mon métier, mon activité comme secrétaire de rédaction se déroule aujourd’hui au sein du service communication. Nous sommes chargés notamment de la conception des publications du Sanctuaire. Nous travaillons à l’élaboration de Lourdes News et du Journal des Grâces, la publication mensuelle qui, d’avril à octobre, donne un éclairage aux visiteurs sur ce qui se vit à Lourdes.
Le premier numéro de la saison des pèlerinages traitera des chemins de la consolation et du Magnificat. Outre la partie journalistique, j’assure la relecture des communiqués de presse, des parutions papier, des publications sur Internet.
Depuis avril 2016, le Sanctuaire édite Le Journal des grâces. Il faut compter bien plus que les 69 miracles reconnus par l’Église pour saisir la dimension du miracle à Lourdes. Au Sanctuaire, s’opèrent des guérisons intérieures et spirituelles. La société fabrique du mal-être et grâce à Lourdes de nombreuses personnes sont remises en selle, et découvrent, devant elles, un avenir.
J’ai eu le bonheur d’entretenir une forte amitié avec Jean-Pierre Bély et son épouse. Avant que le miracle ne soit officiellement reconnu par l’Eglise, il n’a pas voulu s’exposer à la pression médiatique. J’étais la seule à connaître son numéro de téléphone, et c’était honorer sa confiance que de ne pas le divulguer. Je me souviens de sa douceur, de son humilité. Il ne voulait pas se mettre en avant ni devenir une vedette. Il voulait témoigner de la grâce qu’il avait reçue et des bienfaits accordés par la Sainte Vierge et le Seigneur.
A Lourdes, la grâce pénètre les cœurs, et je suis toujours saisie quand, devant la Grotte, on assiste à l’effusion de l’Esprit Saint parmi ceux qui, dans le recueillement, se mettent à pleurer abondamment, à sentir Dieu envahir leur vie.
Lourdes est un sanctuaire qui attire les foules, en raison de l’universalité du message. Tout le monde connaît l’épreuve de la maladie, soit personnellement soit dans son entourage. D’autres difficultés sont aussi présentes dans les vies. On trouve en la Vierge Marie une maman du Ciel qui n’oublie personne.
J’aime beaucoup le pèlerinage de Lourdes Cancer Espérance, qui permet de parler de l’épreuve concrètement, et qui, dans le même temps, dégage une grande force spirituelle. J’ai rencontré des personnes qui se savaient sur le point de vivre le grand passage vers l’autre rive. Elles étaient dans l’acceptation, et je pourrais même décrire leur visage comme celui de la joie. Quand on les voyait, on apercevait le Ciel. C’est cela qu’il faut transmettre : cette foi qui déplace des montagnes. De Lourdes, on revient toujours plus fort. Venez ! Marie nous invite et Dieu nous attend… Confiance ! Aimons !»
Propos recueillis par Béatrice Rouquet.