« J’ai gardé dans le cœur les mots de Jean-Paul II qui, en 1983, disait : ‘Lourdes est une source où la conscience devient ou redevient limpide et retrouve son orientation profonde’. Au pied du Rocher, chacun peut faire l’expérience de la tendresse et de l’amour que Dieu lui donne malgré ses limites et ses péchés.
Au Sanctuaire, la fraternité opère… Que nous soyons bien-portant, malade ou atteint par un handicap, nous sommes réunis pour suivre un chemin de conversion en réponse à l’invitation de Marie. Il n’est pas toujours simple de savoir prier, mais à Lourdes, on peut se « paramétrer » sur un Dieu Amour. J’aime l’image de la cordée : nous ne pouvons monter vers le Ciel que si nous sommes tous ensemble. Il importe d’être solidaire et empli d’amour pour ceux qui nous entourent et qui nous sont confiés.
Le trésor de Lourdes, c’est le trésor de l’Evangile. Nombreux sont ceux qui témoignent des grâces reçues après qu’ils se sont confiés à la prière de la Vierge. Ces grâces sont comme un précieux secret qu’ils partagent avec Marie. Peut-être qu’avant de faire cette expérience, leur vie n’avait-elle pas toujours été droite ? Mais à Lourdes, ils ont découvert que Quelqu’un les attendait… et, par là même, que leur vie avait un sens. Certains d’entre eux ont été guéris physiquement, mais combien sont-ils à porter un trésor qui, à leurs yeux, est inestimable ?
A l’Accueil Notre-Dame, j’ai rencontré Lydie, lors du pèlerinage du Rosaire 2015. Atteinte d’un cancer, elle était longtemps venue à Lourdes comme hospitalière. Son épreuve, elle la vivait avec une grande foi, et beaucoup d’abandon ; lors de notre entretien, elle m’avait confié que la prière qu’elle portait devant Marie, c’était celle d’être unie au Christ… Prendre soin du salut de son âme lui paraissait bien plus important que de pouvoir marcher à nouveau.
Je pourrais citer aussi la leçon de vie reçue par un pèlerin, venu témoigner au sein du service des personnes handicapées et de leurs familles. Après avoir vécu une vie ordinaire, qui pourrait se résumer à la formule « boulot, métro, dodo », il a appris qu’il était condamné par la maladie. Du jour au lendemain, il pouvait quitter ce monde pour rejoindre l’autre rive. Il a demandé alors une grande « grâce » : celle de pouvoir fêter son anniversaire de mariage, l’année suivante. Il a été entendu, et en remerciement, il est venu à Lourdes. Il est aujourd’hui en rémission, mais sa vie a été complètement bouleversée par ce qu’il a vécu.
« Le journal des grâces »
Comme journaliste du Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, j’aime à rendre compte de toutes ces belles rencontres, et au cours des prochaines semaines, nous allons faire en sorte de mettre en lumière tous ces témoignages, en créant « Le journal des grâces », à l’initiative de Mgr Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, et du Père André Cabes, recteur du Sanctuaire. Dès le mois de décembre, nous ferons découvrir une vidéo hebdomadaire sur le site internet de Lourdes ; à partir de février, nous lancerons la version papier, avec trois pages supplémentaires annexées au Lourdes News. La grâce pénètre la vie de tous ceux qui, avec foi, prient Marie pour qu’elle intercède auprès de son Fils. Chaque jour, de petits miracles ont lieu ; pour la personne qui en bénéficie, c’est un appel à aimer toujours plus.
Aussi, la grâce de Lourdes est là quand un pèlerin fait le pas hésitant de franchir le seuil de la chapelle des confessions. Ce pas en avant, c’est un pas qui va le conduire à en faire d’autres, et à le mener vers la source de la Vie. Il importe de s’émerveiller de tout ce qui est vérité dans la relation ; la beauté se révèle dans un quotidien très simple.
Dans le livre, « Lourdes, ambassade du Ciel », j’ai voulu témoigner fidèlement des histoires vécues au Sanctuaire. Bernadette nous a ouvert la voie ; à nous de nous engouffrer à sa suite. Elle a restitué le message livré par Marie, sans jamais chercher à se mettre en avant. Elle s’est effacée. Elle-même est partie à Nevers ; elle-même était pèlerine de Lourdes. Chaque baptisé est invité à être missionnaire, à condition de demeurer relié à la source par la prière, les sacrements, la vie en Eglise… Bernadette nous a montrés le chemin du bonheur. Sa vie a été marquée aussi par l’épreuve, elle est passée par la Croix, en suivant un chemin de sainteté.
« Lourdes est une place pour chacun »
Parmi tous les témoignages que j’ai retranscrits dans mon livre, il y a celui d’une jeune femme handicapée, infirme moteur cérébral. Malgré son handicap, elle avait suivi une scolarité normale, mais à l’âge adulte, elle n’avait pu trouver de travail malgré ses diplômes. Elle avait le sentiment d’être inutile. Venue à Lourdes en pèlerinage, elle s’est rendu compte qu’elle pouvait être hospitalière, en servant à la tisanerie. « Lourdes est une place pour chacun », ai-je écrit ; je le crois profondément. Il faut faire confiance à celui qui est différent. Ce qui est beau à Lourdes, c’est cette capacité de mettre la personne malade ou handicapée à la même place que la personne valide.
J’ai relaté aussi le témoignage d’une dame qui, tout au long de sa vie, avait eu du mal à être reconnue telle qu’elle était. Alors qu’elle avait été par le passé souvent rabrouée, elle a été sollicitée pour porter une bannière pendant la procession eucharistique. Le simple fait d’avoir été choisie l’a comblée de bonheur. L’invitation qui lui avait été faite de participer, c’était une façon de lui dire : « Je t’aime ». Je crois que, nous, chrétiens, nous avons à témoigner d’un rayonnement intérieur qui fera signe pour les autres. Par nos attitudes, nos mots, nos paroles, nous pouvons être le « bon samaritain » qui va changer le cours de la vie du prochain. A chaque instant, il importe de nous poser la question de notre propre cohérence : sommes-nous dans cette unité entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être pour le monde ?
Au cours de cette année 2015, j’ai aussi publié un autre livre : « Signes de vie, 14-18 tout en tweets ». Passionné par l’histoire, je me suis plongé il y a vingt ans dans les archives de ma commune natale, en Loire-Atlantique. J’y avais alors trouvé le journal écrit par le curé de la paroisse, qui s’ouvrait en l’année 1914, lors de la Première Guerre mondiale. Il disait écrire ce livre pour celui qui, cent ans plus tard, serait le curé de cette même paroisse. Récemment, j’ai voulu mettre en scène ce témoignage, à travers le regard de plusieurs personnages : un curé, un poilu, un soldat allemand, un officier de l’armée française, un journaliste, une adolescente. Il importe d’agir au mieux et pour le bien de tous en témoignant toujours de ce qui construit la paix et, si l’on est croyant, de cet Amour de Dieu qui rend toute chose nouvelle, y compris la réconciliation. »
Béatrice Rouquet.