En devenant le nouvel aumônier national de Lourdes Cancer Espérance, le Père Xavier d’Arodes, prêtre du diocèse de Toulouse, répond à un appel des évêques qui, pour lui est aussi un cadeau tant par la dimension fraternelle de l’association que par le chemin qu’elle propose pour ‘faire Eglise’. «A Lourdes Cancer Espérance, nous avons à apprendre les uns des autres et je rejoins cette belle aventure dans un esprit de service, porté par le dynamisme de tous ceux qui, pendant des années, ont déjà tant construit ! Venir à Lourdes n’a pas vocation à être une parenthèse dans nos existences. Il se vit là des enjeux majeurs, à l’heure même où dans nos sociétés contemporaines, la question de la fragilité, de la mort, est souvent occultée. Que de drames peut-on constater autour de nous, quand les personnes âgées ou malheureuses, isolées, ou malades, s’en vont dans des conditions difficiles où, parfois, il y a si peu de lumière dans leur vie. Lourdes est un lieu de relèvement, où l’on apprend de Marie qu’elle regardait Bernadette ‘comme on regarde une autre personne.’ La maladie, la fragilité, la pauvreté sont des expériences qui nous conduisent à Dieu, qui lui-même s’est fait pauvre et solidaire de toute l’humanité. Quand, au sein d’un pèlerinage, nous voyons des personnes très éprouvées qui se battent, qui sont debout, qui nous donnent des leçons d’amour, alors nous-mêmes, nous trouvons des forces pour continuer le chemin. Lourdes est aussi un lieu de transmission quand des pèlerins envoient une carte postale à leurs proches, en témoignant de leur foi et de leur proximité : ‘A la Grotte bénie, j’ai prié pour toi’. Il importe de dire notre foi, de dire ‘j’ai parlé de toi à Dieu. Ecoute ce que le Seigneur a à te dire’. Nous sommes tous invités à témoigner de cet amour, de cette lumière qui habitent nos vies. »
Une question au Père Xavier d’Arodes :
Comment sommes-nous appelés à faire Eglise ?
Quelle que soit notre vocation, nous pouvons témoigner de notre appartenance à Dieu dans l’ordinaire d’une vie simple, humble, servante. Que de parents vivent cette sainteté au sein de leur foyer, en accompagnant leurs enfants à l’école, en cuisinant les repas ; que de personnes vivent la charité, en aidant une personne malade, en faisant une visite à leurs voisins… C’est une sainteté simple, de bon aloi, qui demande de la persévérance, qui peut être difficile, qui peut nous coûter, car elle est exigeante pour aujourd’hui et demain.
C’est en remplissant notre devoir d’état que nous cheminons vers Dieu. Le prêtre est le signe gratuit donné de la tendresse de Dieu ; il nous rejoint dans les moments importants de notre vie, par les sacrements qu’il donne, mais aussi par son témoignage de vie personnel. Le prêtre témoigne de la puissance de Dieu qui se déploie dans la faiblesse. A Lourdes Cancer Espérance, les pèlerins viennent avec une quête personnelle, mais ils vivent leur démarche de foi dans une communauté. Ce qui se vit témoigne de ce que c’est l’Eglise et de sa vitalité : l’entraide, le soutien mutuel, la prière dans la communion des saints… Tout cela est chemin ; toujours il nous faut aller de l’avant…
Une question au Père Xavier d’Arodes :
Comment cette nouvelle mission au sein de Lourdes Cancer Espérance s’inscrit-elle en cohérence avec votre parcours personnel ?
Originaire du Sud-Ouest, je me souviens être venu enfant à Lourdes avec mes parents, notamment pour la fête du 15 août. Mes parents m’ont transmis la foi, et m’ont donné les clés de la vie. Adolescent, j’ai traversé une épreuve marquante de santé. J’ai fait l’expérience de la fragilité en étant hospitalisé sur une longue période, devant notamment réapprendre à parler et à marcher. J’étais porté par la prière des autres, et malgré la souffrance, je n’ai jamais complètement perdu l’espérance. Cette période difficile m’a appris la compassion, la valeur de l’amitié, et elle m’a donné une grand soif de découvrir le monde, ce que j’ai pu faire par la suite en travaillant comme diplomate aux Nations-Unies, que ce soit aux Etats-Unis ou en Autriche. Il me fallait aussi répondre à un appel plus profond, et je me suis engagé à la suite du Christ ; j’ai été ordonné prêtre en 2002. Comme séminariste, j’ai séjourné plusieurs années à Rome, pour étudier dans une université où sont représentées 120 nationalités, puis mes responsabilités m’ont conduit à être conseiller ecclésiastique à l’Ambassade de France près le Saint-Siège. J’ai pu ainsi me former à l’enseignement des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI. De façon plus récente, j’ai été amené à rencontrer le Pape François. Toutes ces expériences m’ont enrichi, et je n’oublie pas que le service doit être d’abord celui de la fraternité : «Enseigne moi tes voies, Seigneur, fais-moi connaître ta vérité.» Au Vatican, j’ai été très marqué par mon engagement au service des plus pauvres, au sein de la communauté Sant’ Egidio. J’ai servi la soupe populaire, j’ai partagé des temps d’amitié avec ceux qui vivaient dans la rue, en allant à leur rencontre, en les assistant à travers des aides concrètes et matérielles. En 2014, j’ai été appelé par Mgr Nicolas Brouwet, alors évêque de Tarbes et Lourdes, pour rejoindre le Sanctuaire. Comme chapelain, j’ai été responsable de la pastorale internationale, et j’ai aussi servi comme vice-recteur. Lourdes, c’est un lieu où l’on est un peu comme à la maison. On y ressent fortement la vitalité de l’Eglise, et pour peu que l’on y prête attention, on voit des merveilles innombrables. L’Eglise ne laisse personne sur le bord du chemin et cela est vrai à Lourdes qui est un lieu de guérison des âmes et des corps, un lieu de grâce où se vivent la charité et la miséricorde.. Les pèlerins vivent leur foi de façon simple ; ils posent des gestes comme toucher le rocher, allumer un cierge, se laver, boire à la source. Ils trouvent aussi sur place la grâce sacramentelle. En rejoignant LCE, je suis porté par tout ce que j’ai déjà vécu et partagé, et je pense aussi à mes parents qui, tous deux, ont été victimes du cancer. Le Seigneur nous invite à vivre pleinement l’instant présent. LCE nous donne un chemin pour demeurer dans l’espérance.
Père Xavier d’Arodes : « A chaque instant, soyons dans la louange pour ce que Dieu nous donne et pour ce qu’Il nous enlève »
« Face à l’épreuve, il nous arrive de ne plus savoir où est la lumière, quel est le sens de notre existence. On fait l’expérience de la vulnérabilité ; on découvre de façon plus aigüe qu’on n’a pas la maîtrise de nos vies. Dans certains cas, on comprend que l’on ne retrouvera jamais la même condition physique qu’auparavant, que des repères sont bousculés dans notre vie ou dans le noyau familial. Et pourtant, cet apprentissage de la dépossession peut nous conduire sur d’autres chemins…
Accueillons l’amour de Dieu là où Il nous rejoint : devant un beau paysage, dans la chaleur d’une famille, dans une église… Parfois, il s’agit bien plus de l’écouter que de lui parler. Dans la traversée de l’épreuve, Il n’est pas absent. Il prépare nos cœurs, même si c’est douloureux et inconfortable, mais son seul désir est de nous amener plus loin pour qu’à notre tour, nous soyons capables de nous donner nous-mêmes. Si nous ne nous fermons pas à sa présence, si notre cœur demeure disponible, alors Il enlève ce qui nous encombre, ce qui est secondaire, accessoire, inutile… Il nous rappelle l’urgence de ‘vivre’. A Lourdes Cancer Espérance, on remarque ce compagnonnage pendant le pèlerinage. Les personnes malades ne prient pas seulement pour leur guérison personnelle ; elles portent aussi dans leurs prières les membres de leur famille, les amis, les accompagnants. On est dans la communion des âmes. Dans l’Evangile, j’aime à méditer comment Jésus, au Temple, met en lumière l’attitude de la veuve qui donne pour obole les deux dernières pièces qui lui restent pour vivre. Aux yeux des hommes, cette offrande est insignifiante. Aux yeux de Dieu, elle prend toute sa valeur. Que de personnes éprouvées gardent la joie et la paix dans le cœur ! Le Seigneur a enlevé à ces personnes tout ce qui pouvait les rassurer : Il les a rendues pauvres. C’est peut-être là l’enseignement des grands mystiques ; chacun de nous est capable de faire l’expérience de Dieu. Dans sa vie, comme dans son œuvre, saint François d’Assise fait partie de ceux qui en ont témoigné. Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, il faut nous faire mendiants. Cette expérience ne résulte pas d’une accumulation de nouveaux savoirs, mais c’est de pouvoir dire : «J’ai faim de Dieu ; j’ai soif de Dieu…» Pour nous conduire à Lui, Il nous a donné les deux plus grands commandements : «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta pensée », et aussi «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»
Propos recueillis par Béatrice Rouquet
4 Responses
Merci Béatrice pour cette belle interview riche et profonde. Nous avons hâte de vous revoir au cours du prochain pèlerinage de septembre
Bonjour, Je lis avec attention le témoignage du père Xavier d’Arodes…. J’ai hérité de la foi de mes parents. J’ai 76 ans et ma vie s’est déroulée avec des joies et des peines…J’ai une fille de 45 ans qui a eu un accident à l’âge de 5 ans , elle a été amputée de la main droite. Elle a grandi,à l’adolescence une anorexie mentale qui l’a hospitalisée pendant 2 ans…A force de travail elle a obtenu un emploi qui lui plaisait beaucoup. Actuellement elle a un cancer qui l’a fait beaucoup souffrir. E lle va être opérée le 21 juillet après chimio et radiothérapie…Je voudrais aller à lourdes au mois de Septembre mais je pense qu’elle va avoir besoin de moi….Je vous demande de prier pour elle, pour une guérison, pour qu’elle gagne encore ce combat…. Merci à vous….MN
Magnifique témoignage
en arrivant à LOURDES près des Malades nous oublions tous nos soucis ,nous sommes portés par la Vierge Marie notre mère
GRAZIE