Tous les chemins mènent à la cité mariale de Lourdes. Cette année, j’ai rejoint, avec mon vélo, la délégation de Lourdes Cancer Espérance des Côtes d’Armor (LCE 22) à Lourdes le 17 septembre dernier après être allé à Saint-Jacques-de-Compostelle (nord-ouest de l’Espagne). Parti de Bayonne via Saint-Jean-Pied-de-Port, j’ai pédalé sur le « Camino Francès » en traversant les communautés autonomes de Navarre, de la Rioja, de la Castille et de la Galice.
Né au 9è siècle, le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle attire un nombre de pèlerins en forte augmentation chaque année (plus de 300 000 en 2017), principalement des marcheurs, et seulement 10% de cyclistes. Avec le pèlerinage à Rome sur le tombeau de Saint Pierre, celui de Jérusalem pour prier au Saint-Sépulcre, le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice est un des trois plus importants pèlerinages chrétiens du Moyen Age. La destination finale du chemin de Chemin de Saint Jacques est la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle où se trouve le tombeau de l’apôtre Jacques.
Le Camino Francès ou « Chemin des Francs » commence au franchissement des Pyrénées, c’est-à-dire à Saint-Jean-Pied-de-Port. Le Camino est pourvu d’un important patrimoine. Monuments, anciens hospices pour pèlerins, forteresses, murailles de fortification, ponts médiévaux, chaussées romaines intactes, tours, chapelles, églises et cathédrales romanes et gothiques qui jalonnent le chemin sur plus de 800 km, sont le témoin du passé prestigieux de ce chemin. Le Camino Francès, le plus fréquenté des voies jacquaires espagnoles, traverse des villes importantes comme Pampelune, Logrono, Burgos, Fromista, Leon, Astorga et permet la découverte de paysages variés, comme la Meseta, immense plateau brulant de soleil en été et balayé par un vent glacial en hiver situé entre Burgos et Leon. Il fait découvrir le relief des Pyrénées, les vignobles de la Rioja, les rives de l’Ebre, les grandes plaines de Castille et Leon, l’ascension de grands cols de montagne (Ibaneta, Cruz de Ferro, O’Cebreiro), les collines verdoyantes de la Galice. Le Camino est un « paysage culturel linéaire continu », qui va des Pyrénées à Santiago ; il est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Les pèlerins de plus en plus nombreux chaque année sont de tous âges, de toutes nationalités et toutes conditions sociales, croyants ou athées, randonneurs ou sportifs. Leurs motivations ne sont pas toujours religieuses. Même si le chemin de Saint Jacques possède une composante mystique, de nos jours, les pèlerins qui partent par pure foi sont moins nombreux. Cependant, beaucoup éprouvent une certaine envie de rupture avec leur vie quotidienne, un besoin de ressourcement, une nécessité de faire le point, une quête de repères. Quelques soient les motivations, il est coutume de dire que, parfois, on part randonneur mais on revient très souvent pèlerin.
Bien préparé, malgré le relief souvent accidenté du parcours et de la chaleur caniculaire rencontrée, je n’ai pas éprouvé de grandes difficultés physiques à faire le Camino. J’ai eu la chance de rencontrer Sylvie, après Logrono, une québécoise cycliste qui m’a accompagné jusqu’à Santiago. Notre complémentarité a été parfaite tout au long des 700 kilomètres parcourus ensemble. J’ai apprécié la présence agréable de Sylvie à mes côtés pour de multiples raisons et notamment pour sa bonne connaissance de la langue de Cervantès, ce qui a grandement facilité nos conversations avec la population autochtone.
De retour au pied des Pyrénées (en bus), j’ai poursuivi mon périple à vélo pour rejoindre Lourdes et le Pèlerinage LCE. Le pèlerinage marial de Lourdes est bien plus récent que celui de Compostelle puisqu’il affiche à peine plus d’un siècle. Et pourtant, ce lieu a pris une telle importance dans le cœur des chrétiens que nombre de pèlerins marchant vers Compostelle font un détour à Lourdes avant de continuer vers Saint-Jacques.
Sitôt arrivé à Lourdes, j’ai quitté immédiatement mes vêtements cyclistes pour endosser ma tenue d’hospitalier LCE avec l’envie d’aider, de donner mon temps sans économiser ma peine, de prêter mes bras valides, de distribuer des sourires et de la douceur aux malades dans les sanctuaires de Lourdes tout au long du pèlerinage. Intégré dans l’équipe d’hospitaliers chargée des cérémonies comme les années passées, j’ai aidé au placement des fauteuils roulants dans la basilique souterraine, participé aux offices (quête, communion et onction des malades), à la procession mariale, aux manipulations de tables et chaises nécessaires à la tenue des « carrefours ». Pour moi, être hospitalier pendant les quatre jours que dure le pèlerinage LCE est plus fatigant physiquement que d’effectuer à vélo plus de 1 100 kilomètres en une quinzaine de jours pour venir au pèlerinage, mais en fin de compte, la satisfaction qu’on retire du pèlerinage est plus grande que celle d’avoir pédalé. Vivement le pèlerinage LCE 2019 !
Jean Yves Hamelin