Première partie
« Les chrétiens devraient rendre visible au monde le Dieu vivant, en témoigner et conduire à Lui. Quand nous parlons de notre charge commune, en tant que baptisés, nous ne devons pas pour autant en tirer orgueil. C’est une question qui, à la fois, nous réjouit et nous préoccupe: sommes-nous vraiment le sanctuaire de Dieu dans le monde et pour le monde? Ouvrons-nous aux hommes l’accès à Dieu ou plutôt ne le cachons-nous pas ? »
(Benoît XVI, Jeudi Saint, 21 avril 2011)
« Le sacrement n’est pas seulement un acte de foi de l’Eglise, mais encore, il est un acte individuel de foi, d’espérance et – au moins dans sa forme originelle – un acte d’amour du pénitent. La tâche du prêtre est donc de l’aider dans la confession de ses péchés, pour qu’elle ne soit pas seulement une récapitulation des faits du passé, mais un acte d’humilité religieuse et de confiance en la Miséricorde divine. »
(Mon dernier livre de méditations pour le troisième millénaire –
Jean-Paul II (Editions du Rocher))
« En se convertissant au Christ par la pénitence et la foi, le pécheur passe de la mort à la vie. »
Catéchisme de l’Eglise catholique
« La pénitence est l’attitude de l’homme qui a pris conscience de son origine, ailleurs qu’en lui. Prière et pénitence s’accompagnent ; elles sont l’acte d’un retournement, qui consiste à regarder enfin droit devant soi, là où le divin appelle. »
Père André Cabes (Lourdes, un pèlerinage spirituel, NDL Editions)
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu »
« Frères, nous sommes tous les ambassadeurs du Christ et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu. Car il dit dans l’Ecriture : « Au moment favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut où je suis venu à ton secours. Or, c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut ».
Saint Paul, deuxième épître aux Corinthiens (5, 20-6,2).
Deuxième partie
Découvrir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation.
Extraits de l’exhortation apostolique post-synodale Reconciliatio et Paenitentia de Jean-Paul II.
Le péché
Du fait que par le péché l’homme refuse de se soumettre à Dieu, son équilibre intérieur est détruit et c’est au fond même de son être qu’éclatent les contradictions et les conflits. (…) Seule la conversion qui détourne du péché est capable de réaliser une réconciliation profonde et durable partout où la division a pénétré.
Faire pénitence
Faire pénitence veut dire rétablir l’équilibre et l’harmonie rompus par le péché, changer de direction même au prix de sacrifices. (…) La pénitence chrétienne sera authentique dans la mesure où elle sera inspirée par l’amour, et non pas par la seule crainte, où elle consistera en un sérieux effort pour crucifier le «vieil homme» afin que puisse renaître «l’homme nouveau», grâce au Christ; où elle suivra comme modèle le Christ qui, bien qu’innocent, choisit la voie de la pauvreté de la patience, de l’austérité et, on peut le dire, de la vie pénitente.
Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation
Le sacrement donne à tout chrétien et à la communauté entière des croyants la certitude du pardon grâce à la puissance du sang rédempteur du Christ.
La place du sacrement de confession
Le sacrement de la confession est en butte à de nombreuses menaces: d’un côté, l’obscurcissement de la conscience morale et religieuse, la diminution du sens du péché, la déformation de la notion de repentir, l’élan insuffisant vers une vie authentiquement chrétienne ; d’un autre côté, la mentalité répandue ici ou là selon laquelle on pourrait obtenir le pardon directement de Dieu, même de façon ordinaire, sans s’approcher du sacrement de la Réconciliation, et aussi la routine d’une pratique sacramentelle qui manque parfois de ferveur et de spontanéité spirituelle (…)
La tâche élevée du confesseur
Le confesseur est appelé à une tâche élevée qui consiste à servir la pénitence et la réconciliation humaine, à savoir connaître les faiblesses et les chutes du fidèle, évaluer son désir de se reprendre et les efforts nécessaires pour y parvenir, discerner l’action de l’Esprit sanctificateur dans son cœur, lui transmettre un pardon que Dieu seul peut accorder, «célébrer» sa réconciliation avec le Père, telle que la présente la parabole du fils prodigue, réinsérer ce pécheur libéré dans la communion ecclésiale avec ses frères, admonester paternellement ce pénitent en l’encourageant fermement et amicalement: «Va, désormais ne pèche plus!».
L’aspect médicinal du sacrement
Selon la conception la plus ancienne de la Tradition, ce sacrement est une sorte d’action judiciaire ; mais celle-ci se déroule auprès d’un tribunal de miséricorde (…)Mais, en réfléchissant sur la fonction de ce sacrement, la conscience de l’Eglise y voit, en plus du caractère judiciaire dans le sens déjà évoqué, un aspect thérapeutique ou médicinal. Et ceci se rattache au fait de la présentation du Christ comme médecin, fréquente dans l’Evangile, son œuvre rédemptrice étant d’ailleurs souvent appelée, depuis l’antiquité chrétienne, «remède de salut». «Je veux soigner et non accuser», disait saint Augustin. (…)Tribunal de miséricorde ou lieu de guérison spirituelle, sous les deux aspects en même temps, le sacrement exige une connaissance de la vie intime du pécheur, pour pouvoir le juger et l’absoudre, pour le soigner et le guérir.
Le péché, une rupture
On ne s’achemine pas vers une véritable pénitence tant qu’on ne se rend pas compte que le péché est contraire à la norme éthique inscrite au plus intime de l’être, tant qu’on n’avoue pas avoir fait l’expérience personnelle et coupable d’une telle opposition, tant qu’on ne dit pas seulement «c’est un péché», mais «j’ai péché», tant qu’on n’admet pas que le péché a introduit dans la conscience une rupture qui envahit tout l’être et le sépare de Dieu et du prochain. Le signe sacramentel de cette transparence de la conscience est l’acte traditionnellement appelé examen de conscience.
Le signe de la confession
La confession individuelle a aussi la valeur de signe: signe de la rencontre du pécheur avec la médiation de l’Eglise dans la personne du ministre; signe qu’il se reconnaît pécheur devant Dieu et devant l’Eglise, qu’il fait la clarté sur lui-même sous le regard de Dieu.
L’absolution
La formule sacramentelle: «Je te pardonne …», et l’imposition de la main suivie du signe de la croix tracé sur le pénitent, manifestent qu’en cet instant le pécheur contrit et converti entre en contact avec la puissance et la miséricorde de Dieu.
La dimension sociale du sacrement
On ne peut nier la dimension sociale de ce sacrement, dans lequel l’Eglise entière, qu’elle soit militante, souffrante ou dans la gloire du Ciel, vient au secours du pénitent et l’accueille de nouveau en son sein, d’autant plus que toute l’Eglise était offensée et blessée par son péché.
La réconciliation avec Dieu et un temps d’action de grâce
La réconciliation avec Dieu se produit dans le secret du cœur du fils prodigue et retrouvé qu’est chaque pénitent. (…) Cette réconciliation avec Dieu a pour ainsi dire comme conséquences d’autres réconciliations (…) : le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans les profondeurs de son être, où il retrouve sa vérité intérieure; il se réconcilie avec ses frères, agressés et lésés par lui en quelque sorte; il se réconcilie avec l’Eglise; il se réconcilie avec toute la création. La prise de conscience de tout cela fait naître chez le pénitent, au terme de la célébration, un sentiment de gratitude envers Dieu pour le don de la miséricorde qu’il a reçue. C’est à cette action de grâce que l’Eglise l’invite.
La célébration
Le soin apporté à la célébration, avec une attention particulière à la Parole de Dieu lue, rappelée et expliquée aux fidèles et avec les fidèles lorsque c’est possible et opportun, contribuera à vivifier la pratique du sacrement et à l’empêcher de tomber dans quelque chose de formel et de routinier. Le pénitent sera plutôt aidé à découvrir qu’il est en train de vivre un événement du salut capable de susciter en son cœur un nouvel élan de vie et une véritable paix.