Quelques passages furtifs à Lourdes, à partir des années 1970, lors de vacances d’été dans les Pyrénées, en somme du tourisme. J’ai été plongé dans une ambiance de groupes qui priaient dans différentes langues, qui allaient et venaient.
En 1998, à 64 ans, je me sens prête pour faire un vrai pèlerinage et je m’inscris à celui du Rosaire. Je suis frappée par l’ambiance de RECUEILLEMENT et j’apprécie la profondeur des homélies des Dominicains et des conférences. J’en ai fait d’autres depuis et chaque fois, je suis venue me ressourcer auprès de Marie et puiser des forces pour continuer la route. Pèlerinages forts, bouleversants, dynamisants où j’ai reçu beaucoup de grâces. Mais à part l’aller et le retour en train, et quelques échanges au gré des circonstances, je ne me suis pas sentie portée par un groupe. Une fois le pèlerinage terminé, rien jusqu’à l’envoi du formulaire d’inscription l’année suivante. Je cherchais autre chose en plus.
Le pèlerinage LCE du 11 au 16 septembre 2012 à LOURDES;
Je connaissais l’existence de ce pèlerinage par le bouche-à-oreille et j’avais été plus ou moins sollicitée par des personnes de ma paroisse. Catégoriquement, j’avais répondu: « JAMAIS je n’irai ». Voir des visages marqués par la souffrance, des corps amaigris! Basta! je ne veux pas entendre ce mot « cancer ». Je veux tourner la page. Je veux vivre et ne plus penser à la maladie.
En réalité, j’ai trouvé des visages, des corps, certes façonnés par les épreuves, transcendés, comme transfigurés, sereins, éclairés d’un sourire qui s’adresse à l’autre. Et dans cette attention à l’autre, dans cet oubli de soi-même, il émane une joie une foi rayonnante, qui éloigne toute pitié, toute commisération.
En réalité, j’ai trouvé des vraies rencontres. Certes, dans d’autres pèlerinages, j’ai fait au hasard des temps d’attente des cérémonies, des rencontres. Même si quelques unes m’ont marquée, elles sont restées fortuites, éphémères. Dans ce pèlerinage-là, j’ai trouvé, au sortir des cérémonies, une COMMUNAUTÉ PROCHE qui soutient et met en pratique les paroles d’amour que l’on vient d’entendre, qui partage.
En réalité, j’ai trouvé dans les homélies de l’archevêque de Rennes, Pierre d’Ornellas, une FOI qui se transmet avec des mots simples (visitation au lieu de visite), des réponses aux questions taraudent les parents et les grands-parents par rapport à la Foi de leurs enfants ou petits enfants, des paroles rassurantes. Tous les pèlerins de toutes générations y on trouvé des réponses.
J’ai apprécié l’animation de Gilbert GAFAH, avec des cantiques à « ripouner », qui chante la Parole et son écho. La danse inspirée de Lucie qui élève le corps et l’âme. Les quatre mystères du Rosaire mimés par les enfants et les jeunes.. Et à la chapelle Notre Dame, la récitation du chapelet si concrète, si parlante, si colorée que maintenant j’égrènerai les « AVE »en y mettant plus de cœur qu’auparavant, en pensant avec plus de dévotion à ce que mes lèvres prononcent.
En réalité, j’ai trouvé humilité. Au repas, j’ai discuté avec Bernard DRONNEAU. Et je lui disais que j’étais un peu mécréante sur les bords. Il me dit qu’il y a la Foi croyance et la Foi service. Mon choix de vie a été de rendre service au travers de ma profession et de mes engagements associatifs. Et là, pour pouvoir participer à toutes les cérémonies dans les meilleures conditions possibles, j’ai dû accepter d’être servie, d’être en fauteuil roulant pour tous les déplacements. Ça n’a pas été rien d’accepter!
En réalité, j’ai trouvé une communauté avec des cérémonies – celles des cierges dans la prairie- une animation plus élargie à tous les pèlerins-celle du lâcher de ballons-. J’ai trouvé une nouvelle famille. Au cours d’une cérémonie où l’émotion m’a emportée en larmes salvatrices, en silence, une main sur mon épaule m’a assurée de son soutien.
Et puis LOURDES CANCER ESPÉRANCE forme une famille car il y a un AVANT comme la journée d’Aizenay en Juin et un APRÈS en Novembre, et tout au long de l’année de sorte que le dynamisme partagé, « comme le soufflé spirituel monté durant le pèlerinage ne retombe pas » pour emprunter un terme à la gastronomie. Il y a un suivi.
Merci à toutes les organisatrices, à tous les organisateurs qui ont préparé ce pèlerinage, qui ont veillé à son bon déroulement et à Paul qui a eu bien du mal, le soir de la veillée, dans un fauteuil aux deux roues avant crevées….
Je reste confuse car je ne me sens pas la force de rendre tout ce que j’ai reçu. »
Rose PASQUEREAU LCE 85